mardi 8 septembre 2015

Casse-tête

Il est tombé.

Un canapé, deux enfants tous fous, des coussins, une table basse.
Il a basculé.
Je l'ai vu comme au ralenti partir en arrière.
Je ne me suis pas levée assez vite.
Quand je l'ai pris dans mes bras, il n'était pas encore sur le sol mais avait déjà percuté le rebord de la table basse...

Larmes, cris. Normal.
Tout va bien, je suis là.
Je passe ma main derrière sa tête pour sentir la bosse.
Mes doigts ressortent de ses cheveux... ensanglantés.

Il pleure toujours. Bien sûr.
La maman de l'autre enfant rassure sa fille.
J'essaie de rester calme.
Ca saigne toujours.

Je le mets nu.
La chemise est tachée de rouge. Impressionnant.
Le pantalon est déjà rouge, ça se voit moins.
Direction la baignoire.

Il ne me laisse pas toucher.
Il ne me laisse pas mettre d'eau pour nettoyer.
Il recule, se retourne, pleure.
Finalement, j'arrive à bouger une mèche de cheveux.

Ce n'est pas dans mes capacités.
Je rhabille mon fils de vêtements propres.
J'embrasse ma copine.
Je rassure sa fille.
Mon fils la mord... Ok...
Je laisse ma fille à ma mère.

Direction les urgences.

Il pleut.
Je n'ai pas pris sa veste.
J'ai des sandales.
Le parking est loin de l'entrée.
Je me mets sur mon dos et je cours sous la pluie.
16kg...

Devant la vitre, j'explique la situation.
Je n'ai pas son carnet de santé.
Ni sa carte d'identité.
Ni le livret de famille.
Peu importe vu qu'il est sur ma carte vitale.
Ah.

Je remplis le questionnaire.
Il semble aller mieux.
Ca ne saigne plus.
Il est dans un endroit nouveau avec maman.
Super !

On s'assoit.
Je trouve un livre pour un peu plus grands.
Je lui lis.
Je lui relis.
Je lui relis encore.
Je le range.

Il court partout.
Il crie un peu.
Il trouve des meubles pour enfants.
Il les déplace un par un.
Puis les remets en place.

Je trouve des puzzle.
Cinq puzzle mélangés et incomplets.
Nous les faisons.
Nous les rangeons.
Un nouveau livre pour son âge.
Je le lis.
Deux fois.

Il court.
Il crie.
Les gens passent.
Pas nous.

Ca fait une heure, il me fatigue.
Je fais remarquer qu'il est à la limite de sa patience.
On m'annonce qu'on va bientôt nous mettre "en salle".

On attend.
Je le porte de long en large.
Il continue à déménager les meubles.
Il court partout.
Il y a des goutelettes de sang sur sa chemise.
Ça valait le coup d'en changer, tiens...

Je regarde la télé.
Pas lui.
Pour une fois...

Enfin on peut entrer.

La salle d'examen.
Un lit.
Un lavabo.
Deux meubles blindés de matériel.
Un tabouret.

On nous laisse là.
Une demi heure.
Il est excité.
Il est coincé sur le lit.
Il voudrait fouiller les armoires.
Et tester tous les boutons.

Je vole un gant en plastique.
On joue avec.

Une infirmière arrive.
Elle veut voir.
Elle fouille dans ses cheveux.
Il ne se laisse pas faire.
Il râle.
Elle fini par voir.

Bon, on n'est pas venus pour rien.
Le verdict tombe :
Ca sera une agraphe.

Le médecin arrive.
Je prépare le biberon de consollation.
L'infirmière et moi le plaquons sur le lit.
La médecin pose son outil blanc sur sa tête.
Je ferme les yeux.

Clac.

Il chouine.
Il ne pleure pas.
C'est fini.
Il prend son biberon.
Il est calme.

Elle me prépare l'ordonnance.
Doliprane.
Retrait dans huit jours.
Fiche de surveillance du traumatisme cranien.

On repart.

Il pleut toujours.
Plus encore.
Il n'a toujours pas de pull.
Je suis toujours en talons.
Cette fois, ça monte...
Mais c'est toujours loin.

Ma carte ne passe pas à la borne du parking.
Je le laisse dans la voiture, je cours pour payer.
Je reviens.
Il est calme.
On rentre.

Ca aura pris trois heures.

Il a fait sa première semaine d'école avec une agraphe dans le crâne.

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