mercredi 16 décembre 2015

La décision d'Aimer

L'article d'aujourd'hui est un peu particulier mais il me tient à coeur de le faire. Je précise qu'il n'est pas sponsorisé.
Je ne vais pas parler des enfants ni même de mes activités personnelles mais de mon couple et d'un outil que nous a été offert pour le rendre plus fort au quotidien. Non pas qu'il ait besoin d'être renforcé, après moins de deux ans de mariage, ça serait inquiétant. Mais juste que la vie à deux n'est pas un long fleuve tranquille et qu'il est trop facile de garder des rancœurs.

Les témoins de mariage de L'Homme nous ont offert comme cadeau de mariage cet outil incroyable pour maintenir l'harmonie dans le couple. Cet outil, est une forme de communication.

J'étais déjà convaincue que la communication était la clé de la réussite de la vie à deux. C'était d'ailleurs un soucis entre nous car je ressentais ce besoin de communiquer, d'échanger et L'Homme trouvait que je lui transmettais trop d'informations sans les trier donc décrochais souvent. C'était très frustrant. Mais, malgré ça, j'insistais, il était important pour moi d'échanger avec lui sur ce que je vivais et de ne pas garder les choses en moi et les laisser se gangréner. Notre relation était donc déjà basée sur l'échange et la communication. L'outil qui nous a été offert n'a fait qu'accentuer ce phénomène.

L'outil en question n'est pas une bêche ni un tournevis mais une méthode, vous vous en doutez.

Cette méthode est diffusée (enseignée ?) par un mouvement chrétien.
Soyons honnête, cela m'a un peu inquiété au début. L'Homme et moi ne sommes pas mariés religieusement et ce n'est pas pour rien. L'Homme et moi sommes non croyants. Il a tendance à fuir les lieux de culte et joue souvent à "je vais aller au bistro" quand on doit assister à un mariage religieux... Pour ma part, j'ai été sensibilisé à la religion catholique étant adolescente (lycée privé oblige) et j'ai choisi de ne pas croire. Du coup, je me sens souvent mal à l'aise avec la religion des autres. Je ne comprends pas vraiment la foi.
Du coup, cet aspect m'avait vraiment rendue sceptique au début. Nos amis nous ont dit que l'aspect religieux n'était pas vraiment marqué et nous ont assurés que ça ne poserait pas de problème. Ces amis, comme je l'ai dit, n'étaient pas n'importe quels amis mais ceux que L'Homme avait choisi pour témoigner de notre amour. Des personnes, donc, le connaissant parfaitement et en qui il a une confiance absolue. Nous avons donc décidé de nous lancer.

Pour poursuivre sur la question religieuse (qui, j'ai pu m'en rendre compte, ne rebute pas que moi), elle a vraiment été accessoire.
La cession de présentation de l'outil étant ouverte aussi aux prêtres, religieux et religieuse car il est considéré que, comme les époux, ils sont engagés dans une relation d'amour (avec leur communauté), il y avait un prêtre parmi nous. C'était un animateur et il nous a partagé des éléments de son expérience. Il n'était pas là comme le "représentant de Dieu" mais comme un homme qui rencontre des doutes, des déceptions et des joies au quotidien. C'était vraiment quelque chose d'intéressant à entendre : ces gens sont comme vous et moi et on a tendance à l'oublier.
Deux ou trois passages bibliques ont été lus durant la cession. Mais c'était plutôt amusant car le prêtre (c'est lui qui s'est chargé de cette partie) prenait énormément de recul. Il a dit quelque chose qui m'a marqué : "La Bible n'est pas un livre historique". Il a reformulé un texte (le remettant au gout du jour et de l'égalité homme/femme), il a pris beaucoup de recul, donné des détails de la réalité de l'époque (c'était des soiffards aux Noces de Cana !), ramené les images/paraboles à notre époque en les séparant de leur aspect mystique. Finalement, la Bible était utilisée comme un livre de philo.
Enfin, une eucharistie était proposé en fin de cession. C'était un moment un peu étrange pour nous mais il était la conclusion de la cession et le sujet de l'homélie (assez courte, en fait) n'était pas la religion, Dieu ou le Christ, mais juste l'Amour. Sujet autour duquel nous étions tous réunis.

Cette cession est ouverte aux couples quelle que soit leur religion (ou non-religion). L'ambiance et l'encadrement est emprunte de tolérance et d'ouverture. Je pense que c'était aussi à nous de nous montrer tolérants envers les croyants plus ou moins pieux du groupe. Même si ça nous paraissait étrange, nous avons abordé ce point avec curiosité intellectuelle et sans jugement. Il n'est pas difficile de s'en détacher, personne ne cherchait à nous convaincre ni à nous convertir.

Revenons à l'outil. La Méthode. Le centre du sujet, le truc important.

Comment ça se passe ?

Déjà, on était une douzaine de couples. Nous sommes arrivés le vendredi soir à 20h (en ayant mangé, autant dire qu'avec la dépose des enfants et la route, ça a été assez sportif). Nous étions en pension complète. Et nous sommes restés jusqu'au dimanche soir 18h. Enfin, ça c'était officiel, nous, on a triché un peu, on est resté plus longtemps.

Le principe de la "formation" à la méthode, c'est le partage. Trois couples d'animateurs nous offrent leurs témoignages en nous présentant la méthode et nous amènent à communiquer entre nous petit à petit. Je dirais bien en douceur si le rythme n'était pas aussi intense...
Quand je dis que les animateurs nous offrent leurs témoignages, c'est vraiment ça. Ils nous dévoilent des éléments intimes de leur relation pour nous montrer par l'exemple comment évoquer entre nous ces aspects de notre intimité. Après l'une des présentations, je suis même allée remercier les animateurs parce que j'avais été très émue par leurs mots et par l'émotion qu'ils ressentaient encore en partageant des échanges entre eux. Ca rend les présentations uniques et vraies qu'elles soient parsemées de ces témoignages.

Il y a en tout plus de 10 présentations sur le week end. Chacune, quasiment, est suivie d'une question, d'un temps de réflexion personnel et d'un temps d'échange en couple... Et je peux vous dire qu'on va chercher loin dans ses propres émotions. Tout est centré sur le couple, il n'y a pas d'échange ni de partage avec les autres couples hors des moments de pause et des repas. L'idée est vraiment de se centrer sur nous et d'entrer dans une communication bienveillante.

La méthode indique comment communiquer nos sentiments (avec une succession d'étapes), mais aussi comment recevoir les sentiments de l'autre avec bienveillance. La méthode guide aussi le dialogue et l'échange pour rester dans la bienveillance et l'écoute de l'autre.
La méthode s'accompagne d'outils tel qu'un papillon des sentiments (du vocabulaire des sentiments classés selon leurs intensités dans Colère / Peur / Tristesse pour les négatifs et Joie / Calme / Sérénité pour les positifs) afin de réussir à bien préciser son message.
La méthode s'accompagne aussi de principes de pensées à s'approprier afin de voir les choses avec plus de sérénité et de recul.

Je vais vous en partager quelques uns qui m'ont particulièrement touchée.
"Les sentiments n'ont pas de valeur morale" Ce qui se cache derrière cette phrase c'est qu'il ne faut pas juger un sentiment car ça relève du domaine de l'instant, du non-contrôlé et non-contrôlable. Si je suis content, si j'ai peur ou si je suis en colère, ce n'est pas répréhensible, ce n'est pas "bien" ou "mal", c'est ainsi. Par contre, c'est ce que je fais de ce sentiment, mes actes qui y sont liés, qui a une valeur morale. Si je me mets à sauter partout parce que je suis contente ou si je fais la tête toute la journée parce que je suis en colère, ça, ça a une valeur morale, ça, ça peut être "bien" ou "mal", pas le fait d'être content ou en colère.
"Je te demande pardon non pas parce que j'ai tord mais parce que je t'ai blessé" J'ai découvert quelque chose de magique avec cette phrase. Souvent, quand on se dispute, on se retrouve chacun dans son coin, blessé, mais convaincu d'avoir raison et, donc, incapable de revenir sur sa position. Cette phrase donne une porte de sortie. On va aller vers l'autre non pas pour s'aplatir et "céder", non pas parce qu'on admet qu'on a tord (parce que on a raison, voyons !) mais parce qu'on se rend compte qu'on a blessé l'autre, qu'un a eu une attitude ou un mot qui l'a blessé. Et pour cela, on demande pardon, pas pour nos idées. Essayez, c'est magique ! Ca permet de rouvrir le dialogue.
La dernière notion que je souhaite vous partager est celle que j'ai choisie en titre de cet article : "Prendre la décision d'aimer". Dans toutes les situations de la vie quotidienne, on peut se vexer ou râler de ce qu'a fait ou dit son conjoint. Mais on peut aussi prendre la décision de l'aimer tel qu'il est et de l'accepter. Ce n'est pas aimer au dépend de soi. C'est aimer pour l'autre. C'est quelque chose de très fort et que j'avoue avoir encore un peu de mal à appliquer parfois mais je crois que c'est le message le plus important de ce week end. Mais en fait, tous ceux qui vont à ce week end l'expérimente puisque venir partager un week end en couple pour le bien et la pérennité du couple, n'est-ce pas déjà, avoir pris la décision d'aimer ?

En quelques mots et sans trop vous "spoiler" (ça serait dommage), voici comment ça se passe :
On arrive le vendredi soir, il y a alors une présentation du mouvement, du week end qui s'annonce et de l'outil principal de la méthode. On commence doucement à l'appliquer, pour "tester", puis dodo.
Le samedi on passe au choses sérieuses, on commence les réflexions personnelles puis on se lance dans l'échange et le dialogue. Le rythme est assez effréné, on va très vite dans des choses intimes (On nous invite, par exemple, à échanger sur quelque chose "qu'on n'a pas osé dire à l'autre"...), on se rapproche l'un de l'autre. L'émotion grandit doucement jusqu'au soir.
Et le dimanche, c'est encore plus fort. On nous propose un défi que provoque une réaction du genre "heu, vous êtes fou ? c'est pas possible, on peut pas faire ça, n'importe quoi !" Je ne veux pas trop vous en dire, mais j'ai pleuré de bonheur et d'émotion à plusieurs moments de ce dimanche.
Je ressens encore cette émotion en l'évoquant ici...

Le sujet qui fâche, enfin : combien ça coûte ?
Pour nous, c'était offert. Mais ça coûte un peu plus de 200€. Il y a, dedans, 60€ d'inscription à l'association et le reste pour payer nourriture et hébergement (les animateurs sont bénévoles).
Mais !
C'est selon vos ressources. Si vous n'avez pas les moyens de donner autant, vous donnez ce que vous pouvez. Si vous avez les moyens de donner plus, vous pouvez donner plus.
Nous, nous avons mis un petit quelque chose alors que notre week end était payé. Cela nous a fait plaisir de le faire. C'était important pour nous.

Et après ?

Pour nous, l'après a été très tourmenté.

Nous avons fait ce week end du 13 au 15 novembre 2015. Nous n'avions pas la télé et n'avons pas regardé nos téléphones. Autant vous dire qu'il a été difficile de se concentrer samedi matin en apprenant ce qu'il s'était passé la veille au soir à Paris juste avant de commencer à travailler...
L'après, donc, le retour à la maison, c'était sortir du cocon protecteur de ce week end centré sur nous et découvrir l'étendue de l'horreur.
L'après, c'était aussi une semaine de gastro dans toute la famille (je vous passe les détails).

Et pourtant, après, je me suis sentie extrêmement calme et sereine. J'étais en confiance, j'étais posée. Bien sûr, il y avait l'horreur, bien sûr il y avait la fatigue des enfants pas vraiment malades mais trop pour aller à l'école/la crèche. Et la fatigue d'être moi même malade. Mais j'étais comme couverte d'une armure, ces choses là ne m'atteignaient pas, j'avais une nouvelle arme, une nouvelle force, et elle m'aidait à aborder la vie, la réalité, aussi dure soit-elle, avec patience et confiance. Calme et Sérénité, certains n'y croiraient pas, et pourtant...

Après, nous avons continué à utiliser la méthode au quotidien. Ce n'est pas évident, c'est une modification de certaines de nos habitudes, il faut trouver un peu de temps pour nous, aussi. Mais nous avons réussi.

Et un mois après, ce week end, nous avons retrouvé le groupe et les animateurs pour une journée de partage d'expérience et de présentation de la suite proposée par l'association (suite gratuite tant qu'on est membre de l'association, si j'ai bien compris, donc 60€/an pour le couple).

Nous ferons la suite. Nous continuerons à échanger avec la communauté créée autour de cette méthode. Une communauté d'écoute et de bienveillance.


Voilà, voilà, j'espère vous avoir donné envie. C'est vraiment à faire ! Si vous vous dites "pourquoi pas ?", ne cherchez pas plus loin, allez-y ! Si vous avez encore des doutes, écrivez moi, je répondrai à vos questions !!

Mais il est temps de vous donner le nom de l'association en question (et le lien vers le site), maintenant que vous brûlez d'y aller.


La cession que nous avons faite est une cession "Vivre et Aimer" mais il existe aussi une cession "Amour et Engagement" pour les couples sur le chemin du mariage. Il y a peu de cession par an car c'est au bon vouloir des membres de l'association (il faut de la motivation pour organiser une cession, communiquer dessus, trouver les trois couples d'animateurs...). Soyez patients, il y en aura surement une près de chez vous. C'est annoncé assez à l'avance pour que vous libériez le week end concerné.

Merci à Florence, Matthieu et Blandine pour ce cadeau précieux.
Merci à Brigitte et Georges , Michel et Thao , Véronique et Pascal pour ces moments de joie et de partage.

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